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Décès du Frère Denis Feignon Le Lundi 5 septembre dans la matinée, le bourdon sonne à pleine volée. Nous apprenons qu'il signale le décès, survenu à Münich dans la nuit précédente, du Fr. Denis Feignon, moine de Maredsous depuis une dizaine d'années. Le Frère Denis se définissait lui-même comme un "geek" (très branché sur le domaine de l'informatique). Ses funérailles ont eu lieu à Maredsous le Lundi 12 septembre.

Bibliophilie à Cologne C'est à l'invitation du bibliothécaire de la Bibliothèque universitaire de Cologne, Mr Schmitt, que le Fr. R.-F. Poswick a fait, le Jeudi 15 septembre, une conférence au groupe de Bibliophiles de cette bibliothèque, groupe qui a pris la relève de la BibliophilenGesellschaft Köln qui s'est sabordée en 2010. Le thème de la conférence était: La Bibliophilie à l'ère électronique.

Les Fils d'Abraham à la Fondation Marc de Montalembert C'est en mémoire de leur fils Marc décédé accidentellement à Rhodes que Marc-René et Manuella de Montalembert ont créé une Fondation Marc de Montalembert dans l'île de Rhodes autour d'une très vieille chapelle dédiée à saint Marc et jouxtant une ancienne "pension" turque qui leur permet d'inviter des chercheurs et des hôtes qui viendraient à la Fondation pour un séminaire ou une conférence. Les perspectives de la Fondation, à travers prix et bourses, sont d'encourager des jeunes artistes ou chercheurs universitaires à développer des projets dans une perspective multiculturelle méditerranéenne.
C'est dans ce cadre que le Fr. R.-Ferdinand Poswick a pu parler non seulement de la vision qui présidait à la collection Fils d'Abraham, mais également de la façon dont il verrait se développer un dialogue constructif entre Juifs, Chrétiens et Musulmans à partir d'une analyse franche des obstacles que chaque groupe devrait pouvoir assumer et dépasser.

Sociologie des renouveaux monastiques du 19e au 21e siècle: Passionnante conférence et excellents échanges, les 1er et 2 octobre à Maredsous, autour de Danièle Hervieu-Léger, qui dirigea l'École de Sociologie de Paris et y enseigne toujours. La vie monastique masculine en francophonie européenne lui sert de lieu-test pour évaluer sociologiquement l'état religieux de notre société dans ses évolutions depuis la fin du 19e siècle. Quatre grandes phases semblent se dégager : restauration (Guéranger, Muard, André), dilatation (Marmion, Beauduin), immersion (après Vatican II et mai '68) et respiration (en cours…)! Une réflexion à suivre!

Marmion à l'honneur: Autour des festivités annuelles pour le Bienheureux Columba Marmion, l'église de Maredsous a été ornée d'une exposition mise en oeuvre par Christiane Sersté sur le thème de la Vierge Marie comme chemin vers le Christ. C'était également le thème de la traditionnelle Fête de la Foi pour les enfants, le Mercredi 5 octobre. Quant à la Fête du Bienheureux proprement dite, le 3 octobre, elle a été honorée par la présence du nouveau Postulateur de la Cause, Mgr Joseph Murphy, un prêtre irlandais qui travaille à la secrétairerie d'État au Vatican. C'est à la même date que fut mis en ligne, par Yolande Juste qui en est la créatrice, le nouveau site web consacré à la Cause du bienheureux Columba Marmion www.marmion.be avec une adresse courielle appropriée: postulation@marmion.be.

Préservation des Patrimoines informatiques: Le Réseau portant ce nom et mis en place à partir d'octobre 2009, continue ses réunions bis-annuelles en étroite collaboration avec les pôles français qui s'activent dans ce domaine. Le 21 octobre, la réunion se tenait au Conservatoire des Arts et Métiers à Paris et se penchait plus spécifiquement sur les aspects muséaux d'une préservation de ces patrimoines.

Le Val de Sambre C'est le cadre d'un beau livre créé par Bernard Peltier et à la fabrication duquel Yolande Juste et le Fr. R.-Ferdinand Poswick ont contribué. Il était présenté le 3 décembre dans le cadre de l'abbaye de Soleilmont, le livre étant une mise en évidence des monastères de l'Entre-Sambre-et-Meuse comme vecteurs culturels pour comprendre toute cette région, son histoire et sa culture profonde. Le livre Abbayes et monastères d'Entre Sambre et Meuse se vend dans toutes les bonnes librairies, mais également auprès de l'auteur: B. Peltier, rue de Maubeuge 170 à F-59131 Rousies, France. Une carte en grand format peut être commandée à la même adresse.

In Memoriam
Nous avons appris le décès de Dominique Barrios-Delgado (1938-2011) qui fut responsable du domaine biblique aux Éditions du Cerf, d'abord comme assistante du P. François Refoulé pour la révision de la Bible de Jérusalem de 1973, puis de celle de la T.O.B. de 1988, avant d'être directrice littéraire de tout ce secteur de 1984 à 2001. De nombreux projets bibliques d'Informatique et Bible ont été mis au point avec elle.

Par ailleurs, Eugene A. Nida, le grand linguiste, conseiller spécialisé de l'Alliance Biblique Mondiale (United Bible Societies) en matière de traduction biblique, est également décédé cette année en sa 98e année (2011). Né en 1914, il fut le créateur du concept de traduction par "équivalence dynamique": donner aux lecteurs actuels les impressions et réactions qui furent celles des premiers auditeurs (ou lecteurs) d'une parole qui nous est transmise par un texte de la Bible.
E. Nida avait fait la conférence inaugurale de la 5ième Conférence de l'Association Internationale Bible et Informatique (Aix-en-Provence, 1997). Pour lui, le prochain défi des "traducteurs" de la Bible serait de la transposer dans le langage multisensoriel et multimédiatique qu'implique l'écriture électronique.

Éditorial:
Un souffle plus prophétique pour les chrétiens?

L'émotion qui vient de la piété ou de la dévotion, surtout quand elle est soutenue par des phénomènes de masse comme les grand-messes des JMJ, les pèlerinages et autres rassemblements dont la plus jeune génération est friande, n'est-elle pas l'expression de ce besoin d'enthousiasme que seule une vraie espérance peut donner? Il est peut-être dommage que ce besoin ne se branche pas davantage sur les grandes questions de notre humanité planétaire. Cela pourrait faire croire que le christianisme – et toute la tradition prophétique des Fils d'Abraham – n'a que ses pratiques religieuses comme objectif et n'est vraiment elle-même qu'au sein de son ghetto spirituel! La Bible devient alors uniquement une source de méditation et de référence spirituelle, voire un réservoir de prescriptions morales: quelle réduction!
Les dernières années de sa vie, Paul Claudel s'appliquait à méditer et à commenter les Écritures. L'une de ces méditations portait sur le prophète Isaïe et a donné lieu à la publication de L'évangile d'Isaïe (Gallimard, 1951). Déjà le titre nous avertit de l'attention qu'il porte à la réalisation de ce que le Dieu auquel croyait Isaïe, lui avait fait percevoir. Et il tente de prolonger ce regard en essayant de percevoir, dans les événements de son temps, ce qui peut être éclairé par la parole prophétique. Il interprétera donc, par exemple, tant la Shoa (1942-1945) que la naissance, alors encore imprévisible, de l'État d'Israël (1948), comme des signes d'une continuité dans le "projet" de Dieu par rapport à l'humanité dans son ensemble et par rapport au "peuple choisi" plus spécifiquement. Ces deux événements ne sont-ils pas en continuité avec la façon dont Dieu a sans cesse tenté de "parler" à son peuple et à l'humanité pour leur faire comprendre, à travers les aléas d'une vraie liberté, son projet?
De ruptures en restaurations, la révélation progresse. La révélation de quoi? Abraham a rompu d'avec ses racines religieuses et culturelles pour inaugurer une relation (alliance) avec ce Dieu qui commence à se faire connaître comme l'Unique. Moïse mènera la même démarche de rupture dans l'Exode qui coupe le peuple hébreu de la civilisation égyptienne et lui fait prendre conscience d'une relation (alliance) spéciale à ce Dieu. Mais ce peuple "choisi" va s'installer dans une sécularisation rituelle (royauté et temple) sans percevoir ni répondre à sa vocation universelle malgré les avertissements, les appels et les rappels des prophètes (Samuel, Élie, Isaïe, Jérémie, etc). C'est alors une nouvelle rupture, l'Exil à Babylone, la fin de la royauté et du temple, d'où sortiront tant une restauration sur la "terre promise" qu'une universalisation de facto du peuple juif par son insertion en diaspora – mais en ghetto! Ils n'ont donc encore rien compris! Jésus, le Fils, vient alors comme vrai roi et vrai temple; et il montre la voie par la rupture de la croix et la restauration de la résurrection qui provoque la foi des "chrétiens", ces juifs messianiques réellement universalistes. Ils étendront la foi au Dieu d'Abraham à tous les peuples et sur toute la planète jusqu'à ce que Dieu rappelle encore une fois aux descendants d'Abraham par la chair, leur vocation universelle par la rupture de la Shoa et la restauration de l'État d'Israël. Et cela se passe précisément durant cette période de l'histoire où s'invente l'écriture universelle qu'est l'écriture électronique (l'informatique est née à la fin de la guerre de 1940-45) et où la planétisation de l'humanité est mise en oeuvre du fait de tous les nouveaux moyens de communication.
Des voix s'élèvent aujourd'hui pour signifier le caractère désormais désuet des états-nations et appeler les humains, d'une part, à se rassembler en fonction d'affinités ou de nécessités fonctionnelles, et, d'autre part, à mettre en place une gouvernance mondiale dont la priorité serait le souci de cette planète terre confiée par Dieu à l'humanité dont il a fait, en Jésus, le vecteur du "salut", c'est-à-dire de l'avenir pour lequel il l'a créée.
Une rupture nécessaire est en train de s'opérer entre la civilisation judéo-chrétienne dans sa gangue gréco-romaine liée à l'écriture alphabétique, et une civilisation de l'écriture électronique vraiment universelle où l'humain commence à organiser la planète dans une interdépendance réfléchie dont les "réseaux" sont les premiers balbutiements. Le partage des mémoires humaines en réseau étant d'ailleurs la seule sauvegarde, désormais, de tout l'acquis intellectuel humain!
Où se situe le "peuple choisi" au-delà de cette nouvelle rupture? N'a-t-il pas un rôle spécial et spécifique à jouer, enfin, au plan mondial, (c'était l'intuition de Paul Claudel)? Et puis, nous, chrétiens, offrons-nous à l'humanité en phase de grande adolescence, les vraies perspectives d'espérance: sa responsabilité de co-créateur comme enfants de Dieu avec Jésus?
N'est-ce pas cela le sens de la venue de ce Jésus en humanité? N'est-ce pas le sens et l'appel de son passage parmi nous? Une année nouvelle de l'"ère commune", celle de l'humanité qui s'unifie selon un plan divin, convoque à ce sursaut d'espérance de tous les "indignés", les témoins du Dieu d'Abraham que nous devrions être!

Fr. R.-F. Poswick, osb