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Interface  n° 134-137 2014

Comptes rendus

Newman et la Bible, Études newmaniennes, Actes du colloque international de l'Association française des Amis de Newman, Paris, 24-25 novembre 2012, n° 29, 2013, 260 pages.
Ce fort volume reprend les 13 contributions du colloque newmanien de 2012. On notera la contribution majeure de Gordon Campbell sur la King James Bible et son impact sur la culture anglaise (notamment à l'époque de Newman).
Keith Baumont présente également dans ce numéro des Études newmaniennes, un premier bilan bibliographique de l'œuvre du cardinal Jean Honoré, mort à Tours le 28 février 2013 à l'âge de 92 ans. Il fut certainement le plus important vecteur d'une connaissance de la pensée de Newman en France dans les 50 dernières années (voir pp. 217-226).

Au miroir de la Parole. Lecture de l'épître de Jacques par Jacqueline Assaël et Élian Cuvellier, Cahiers Évangile, n° 167, mars 2014.
Comme toujours voici un ensemble cohérent et complet pour qui veut mieux connaître les Écritures et en aider d'autres à y pénétrer.
Par ailleurs, le P. Henri Delhougne (osb, Clervaux, Luxembourg) livre, dans ce numéro, son expérience de 18 années de travaux pour aboutir à la publication de la traduction de la Bible de la Liturgie (1995-2013), voir pp. 58-63.
Cette livraison fait également mémoire de quelques exégètes récemment disparus : Charles Perrot (Gannat, France 1929- Moulins, France, 2013); le P. Jérôme Murphy O'Connor, o.p. de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem (Cork, Irlande 1935 – Jérusalem 2013); le professeur François Bovon (Lausanne 1938 – Aubonne 2013), professeur à Genève et auteur d'un Commentaire monumental de l'évangile de Luc; le P. Jean-Marie Van Cangh, o.p. (Bruxelles 1942 – 2013), professeur à l'Université Catholique de Louvain-la-Neuve.

Samson, récit et histoire – Lectures de Juges 13-16 par Didier Luciani, Damien Noël, Cahiers Évangile, n°168, juin 2014.
Une fois de plus: un excellent guide pour découvrir ces récits qui font atterrir l'histoire mythique dans l'Histoire réelle qui aboutit à l'incarnation du Verbe!

Parole de Vie: “Heureux êtes-vous...”, Maison de la Bible, Wavre, n° 78, novembre-décembre 2013.
Les Béatitudes restent le centre de la prédication de Jésus comme le bonheur de l'homme est le premier bonheur de Dieu.

Cri d'homme… “Tout le monde te cherche!...”, Maison de la Bible, Wavre, n°79, janvier-février 2014.
Benoît Standaert, osb, est le principal contributeur de ce numéro sur la quête de Dieu.

Cri d'homme… “Fais, Seigneur, que je voie!...”, Maison de la Bible, Wavre, n°80, mars-avril 2014.
L'obscurité de la foi suppose des yeux qui aient une vue spirituellement convertie par l'Évangile!

Cri d'homme… “Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort!...”, Maison de la Bible, Wavre, n°81-82, mai-août 2014.
Quand la souffrance et la mort sont là, l'humanité “ crie ” vers Dieu! Il se révèle!

Biblia - Notiziario Semestrale, anno XXVII n1, Febbraio 2014.
Cette lettre d'information montre que la transition entre les fondateurs et les nouveaux responsables s'est correctement déroulée. Outre les Rapports sur différentes activités et les annonces des propositions pour 2014, on trouve une Liste de membres de cette “Association laïque de culture biblique”.

Pietro di Paoli, Anticatéchisme pour le christianisme à venir, Paris, Albin Michel, 2013.
Depuis que l'on sait que cet auteur fictif n'est autre que Christine Pedotti qui s'est fait connaître avec Anne Soupa pour la création du “Comité de la jupe” et leur Pieds dans le bénitier, on se doute que se forme, dans ces cercles, une nouvelle expression des vérités séculaires de la foi. Celles-ci portent souvent le poids de 20 siècles d'évolution des vocabulaires, des mentalités, des cultures; il est donc urgent de les reformuler pour qu'elles puissent être comprises par nos contemporains, et d'abord par ceux qui sont les plus proches et parlent la même langue. Mais on pourrait comprendre qu'un cardinal italien moulé dans les canevas de pensée et d'expression de la curie romaine soit incapable de comprendre cette autre “langue”! Dans ce cas, le bûcher pourrait ne pas être très loin!

Russel Re Manning, 3 Minutes pour comprendre les 50 plus grand passage de la Bible, Paris, Le Courrier du Livre, 2013.
D'inspiration protestante fondamentaliste, cette présentation de la Bible pour les gens pressés joue sur les sensibilités de lecteurs de plus en plus habitués à lire de petits encarts et à avoir, en même temps, de l'image sous les yeux. Toutes les pages de droite sont, en effet, de l'illustration (un mélange assez “kitch” de photographie et de dessins); et, sur la gauche, plusieurs petites unités d'écriture : 3 secondes pour un sermon; 3 minutes pour méditer; la Bible en 30 secondes (corps du descriptif du passage évoqué, par exemple: David et Goliath); chapitre et verset (donne la référence, dans ce cas à 1 Samuel 17.1-58… et dont le texte n'est pas cité); histoires associées (liens vers d'autres textes bibliques); citation clé (un seul verset: 1 Samuel 17.45); texte en 30 secondes (avec le nom de l'auteur pour cette page qui donne, dans cet encart, l'essentiel de ce qu'il faut savoir de cette histoire: “Un jeune berger, David, s'oppose à un puissant guerrier philistin: apparemment, tout combat est inutile. Toutefois, cet épisode fait partie des récits les plus mémorables de tous les temps relatant le massacre des géants, David triomphant contre toute attente”).

Theological Reflection on Digital Culture and social Media, Communication Research Trends, volume 32 (2013) , N.3.
Les 6 contributions de ce numéro forment un ensemble éclairant sur la vision “théologique” de l'usage généralisé de la culture numérique.
Une théologie “en communication” (Matthias Scharer) présente une nouvelle façon de concevoir la réflexion théologique; les nouvelles manières pour acquérir les connaissances ont des implications sur la pédagogie de la Foi (Mary Hess); le cinéma, et donc l'image comme lieu privilégié de relation entre la théologie et la post-modernité (Sheila Nayar; José Galvan); l'éthique des Hackers et la vision chrétienne (Antonio Spadaro – voir plus loin le compte rendu de la traduction française de son livre publié en 2012 en Italie); l'art numérique comme outil de partage pour une formation à la Foi (Eileen D. Crowley).

Antonio Spadaro, Cyberthéologie. Penser le christianisme à l'heure d'Internet, Lessius, 2014, 156 pages.
L'édition italienne de cet ouvrage a paru en 2012 chez Vita e Pensiero à Milan (voir Interface, 128, décembre 2012). L'auteur dirige actuellement la très puissante revue jésuite Civiltà Cattolica.
Cela me semble un bon essai pour faire réfléchir les théologiens et les hommes d'Église sur les changements radicaux en cours (ou plutôt “mutations”) de l'environnement dans lequel l'humain va se développer à l'avenir. Plus visible aujourd'hui du fait de la banalisation des terminaux intelligents de tous types et de l'accès planétaire à la connectivité et à l'accumulation de mémoire la plus étendue, cette réalité a été présente depuis les origines des travaux d'Informatique & Bible.
La réflexion sur ce sujet n'est pas nouvelle; et l'on est étonné que le P. Spadaro ne fait aucune mention du livre écrit à quatre mains par M. McLuhan (†1980) et le P. Pierre Babin (†2012), Autre homme, autre chrétien à l'ère électronique, éditions du Chalet, 1978!

Roberto Casati, Contre le colonialisme numérique. Manifeste pour continuer à lire, Paris, Albin Michel, 2013.
L'auteur qui enseigne en Italie et en France ne veut pas tomber les bras devant les dérives d'une culture dominée par l'image (la réussite de la photographie numérique sonnant le glas tant de la photographie d'art que de la lecture, tous les smartphone devenant des preneurs d'images de qualité… en attendant le Google-glass!!!).
Mais il ne faut pas résister de front en refusant les avancées technologiques, il faut s'y insérer en les utilisant dans la pédagogie. Pas de tablettes à l'école, mais pleins de devoirs à la maison pour préparer avec l'ordinateur et/ou une tablette, ce qui devra faire l'objet du prochain “cours” à l'école. Ne pas refuser le copier-coller, mais exiger que les élèves deviennent des créateurs critiques d'articles nouveaux ou complétés ou refaits dans Wikipédia: ils verront toute la difficulté à créer quelque chose qui soit vraiment accepté; mais, une fois accepté, leur création devient pour eux un vrai tremplin pour l'assimilation de “connaissances” et pas seulement d'“informations”.

Michel Serres, Pantopie: de Hermès à Petite Poucette, entretiens avec Martin Legros et Sven Ortoli, Paris, Éditions du Pommier, 2014.
Livre déroutant, mais riche. Il rassemble, en un parcours chronologique et logique, l'ensemble de l'œuvre du philosophe. Autour de quelques personnages qu'il a imaginé, il a construit l'univers de sa pensée. Celle-ci, fondée dans une connaissance marquée par les sciences exactes, remplit de la sagesse due au recul philosophique tout le champ de la recherche contemporaine.
Michel Serres est déjà un penseur de l'ère numérique. En effet, pour lui “La pensée algorithmique, celle des ordinateurs, a pris le relais de la pensée conceptuelle” (p.83). Cette pensée est celle qui se fonde sur le nombre, et du côté des humains, sur le collectif dans sa diversité. Cela nous a introduit dans l'ère de l'hominescence, une ère dans laquelle l'humain devient maître de sa vie et de sa mort, de son origine et de son terme. “Chacun a à assumer sa liberté. Ce que je dis, c'est qu'Homo sapiens est devenu créateur de son propre corps, de sa propre condition.”(p.217).
La grande connaissance linguistique de l'ancien normalien qu'il a été, le fait également “jouer” avec les mots. Parfois d'une façon qui est à la limite de l'entendement, même pour le lecteur cultivé et attentif. Cet aspect de la formalité de son écriture nous avait déjà frappé dans son œuvre intitulée Biogée qui constituait un feu d'artifice de la langue française! Avec le risque de détourner l'attention de l'essentiel de sa pensée…!

Fr. R.-Ferdinand Poswick , osb

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