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Interface  n° 131 Juin 2013

Comptes rendus

● Luiz Martinez Saavedra, La conversion des Églises latino-américaines. De Medellin à Aparecida (1968-2007), Paris, Karthala, 2011, 229 pp., ISBN 978-2-8111-0450-4.
Professeur à Lumen Vitae (Bruxelles), le Chilien Luiz Martinez est responsable de la Pastorale biblique pour l'archidiocèse de Luxembourg. Son analyse des tendances lourdes de la sensibilité théologique des Églises d'Amérique latine à travers les quatre grandes conférences (Medellin-1968, Puebla-1979, Saint-Domingue-1992, Aparecida-2007) qui ont rassemblé de façon très organique et démocratique les responsables d'Église de toute la sphère latino-américaine, donne l'image très dynamique d'une Église pour laquelle l'histoire humaine est un vrai "lieu théologique", tout comme le souci concret pour les pauvres. La Bonne Nouvelle qui est rejointe à sa source, la Parole de Dieu lue dans les communautés de base, est celle de la philanthropie divine: Dieu vient libérer les humains qu'il aime. Sa présence aimante induit une praxis et non une spéculation théologique, philosophique ou morale. Les communautés de croyants montrent qu'ils croient en étant au service des pauvres et en les aidant à sauvegarder la création. La caricature d'une théologie de la libération à parfum marxiste-communiste ne tient pas devant cette analyse et la démonstration que la plupart des théologiens dits "de la libération" sont très bien intégrés à la réflexion et à l'action des Églises telles qu'elles continuent de se développer et qu'elles peuvent devenir un modèle pour le reste des catholiques dans le monde. On peut espérer que le Pape François, nourri de toute cette réflexion, trouvera le moyen de faire passer quelques-unes de ces sensibilités dans le grand corps de l'Église une et cath-olique (répandue par-tout).

● Pere Casanellas, Eines per a esciure en llengües bíbliques, Butletti de l'Associació Bíblica de Catalunya, 113, gener 2013, pp. 39-55.
Description très complète des possibilités et limites d'utilisation des caractères spéciaux (notamment pour le grec, l'hébreu et d'autres langues bibliques) sur base des problèmes que posent le passage de l'ASCII vers l'UNICODE, et certains pièges que l'on peut trouver dans l'utilisation de standards qui ne sont pas encore appliqués partout de la même façon!

● Viviane André, Pour (presque) tout savoir sur le livre électronique à la SBG, Bible-Info, 71e année, n°1, printemps 2013, pp. 10-11.
La Société Biblique de Genève a définitivement mis le pied dans l'ère du livre électronique. Elle veut désormais présenter tous ses titres en trois formats: papier, PDF et ePub. En valeur ajoutée, elle y ajoute la possibilité, quand on rencontre une référence biblique, d'appeler immédiatement, dans une fenêtre, le passage concerné sans devoir chercher le texte d'une Bible. Allez voir – et achetez !!– sur www.maisonbible.net

● Parole de Vie: Qui me voit, voit le Père, Maison de la Bible (Wavre), n° 74, mars-avril 2013.
Ce numéro est centré sur l'image de Dieu en nous, ou, si l'on veut, sur la prise de conscience de ce vide en l'homme que l'on appelle aussi l'intériorité et où Dieu aime à se révéler.

Media Literacy, David Kamerer ed., Communication Research Trends, volume 32 (2013), N°1.
Dans un survol assez rapide de ce que représente aujourd'hui l'éducation aux médias, Kamerer donne un chapitre (pp. 12-15) sur l'histoire de ce que l'on a considéré comme nécessaire pour former à ce nouveau média qu'était l'ordinateur. Il n'évoque pas les régulations proposées aux U.S.A. pour une vraie “computer literacy” dès les années 1995ss.

● Philip A. Noss (ed), A History of Bible Translation, Nida Institut for Biblical Scholarship, Edizioni di Storia e Letturatura, American Bible Society, Roma, 2007, 524 pp.
Ce fort volume envisage d'abord l'histoire des traductions de la Bible. En considérant pratiquement que la LXX est vraiment “la” première traduction de la Bible. Il y a peu de choses sur les processus de “targumim” dont on voit la pratique commencer dès les livres d'Esdras-Néhémie et qui s'élargira par la suite jusqu'à devenir un lieu presque permanent de la traduction biblique.
Il passe ensuite aux théories de la traduction, avec, assez naturellement, une référence constante aux travaux d'Eugene Nida (en les assumant et en les critiquant).
Le volume se termine par une section sur la traduction dans le monde post-colonial d'aujourd'hui où l'impérialisme du système occidental de traduction est mis en évidence par ceux qui viennent de cultures émergentes.
Lecture stimulante, mais avec le constat renouvelé que, pour ceux qui travaillent au sein des Sociétés Bibliques, les apports catholiques (surtout s'ils ne sont pas en anglais) n'existent pas! Notamment: tous les travaux de P. Bogaert sur la LXX et sur la Bible latine; le livre de référence publié par I&B sous sa direction (La Bible en français du moyen âge à nos jours); les travaux de Piet Rijcks sur les premières traductions réalisées en Afrique ou en Asie par les missionnaires catholiques; les travaux de S. Arbache sur les premières traductions arabes des Évangiles: tout cela est complètement et simplement ignoré, malgré une intéressante Bibliographie qui couvre 53 pages (pp. 409-462)!
Parmi les lacunes sur le plan de la réflexion, il me semble que la référence aux communautés concrètes (et donc à la transmission par des “témoins” et par une expérience de vie, qui reste la première traduction socio-culturelle d'un message) est relativement absente. Elle impliquerait de prendre en considération ce que les catholiques ont appelé  “tradition” et qui comporte, notamment, l'aspect liturgique et sacramentel de la transmission du donné reflété par les Écritures. Quant aux stratégies de traduction dans le cadre de la globalisation mondiale, on ne dit pas clairement que l'idéal et la priorité doit aller à l'inculturation et donc à la très bonne formation biblique et littéraire de personnes nées dans une culture donnée et qui pourront, ensuite, devenir d'authentiques et valables traducteurs. Le défi de la traduction dans le contexte de l'écriture électronique multimédia (et multisensorielle) qu'avait évoqué E. Nida lors de la conférence inaugurale de la 5e conférence de l'AIBI à Aix-en-Provence en 1997, n'est pas non plus pris sérieusement en compte.

Fr. R.-Ferdinand Poswick , osb

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