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Interface  n° 128  Septembre 2012

Les Pseudépigraphes de l'Ancien Testament et leur relation aux ‘Écritures’
(Journées Bibliques de Leuven/Louvain 26-28 juillet 2012).

C'était le thème choisi pour 2012 par cette institution bien rodée qui permet à chaque fois de faire, avec les meilleurs spécialistes, l'état de la recherche sur un sujet ou un domaine précis de l'exégèse biblique.

Le P. Maurice Bogaert et le Fr. R.-Ferdinand Poswick de Maredsous y étaient présents.

On peut se demander pourquoi avoir repris la terminologie protestante de pseudépigraphes pour parler des Apocryphes de l'Ancien Testament, titre que leur donne (dans le monde francophone notamment) le Dictionnaire Encyclopédique de la Bible ou la collection de La Pléiade. Cette terminologie permet effectivement de distinguer le groupe d'écrits apocryphes qui sont retenus par certains canons des Écritures (comme les livres deutérocanoniques des Catholiques ou les quelques livres deutérocanoniques que la tradition grecque a conservé dans son canon en plus des livres incorporés au canon catholique et qui viennent d'être publiés dans la nouvelle édition de la T.O.B. - 2010), d'autres écrits apocryphes qui ne sont retenus par aucun canon des Écritures chrétiennes. De ce dernier point de vue, l'Apocalypse d'Hénok et le Livre des Jubilés que l'on retrouve dans les livres incorporés aux versions traditionnelles en éthiopien, devraient également être considérés comme des ‘apocryphes’, voire des ‘deutérocanoniques’, et non comme des ‘pseudépigraphes’! De ce point de vue la courte communication de l'Éthiopien Bruk Ayele Asale ‘How and Why some 'Pseudepigraphical' Works receive 'canonical status' in the Ethiopian Bible‘ mettait en lumière une des questions de fond adressée à ces écrits: quel est leur relation aux Écritures canoniquement reconnues?

La conférence d'ouverture des Journées bibliques fut précisément consacrée par son Président, le Professeur Eibert Tigchelaar (Leuven) à tenter de définir un écrit en tant que pseudépigraphe.
a) Ces écrits ne peuvent se définir par une forme littéraire spécifique.
b) Mais le fait qu'ils ne soient pas 'canoniques', selon la définition d'un canon chrétien, peut les caractériser (quel 'canon' va-t-il servir de référence?).
c) Un tel écrit a-t-il une relation avec des textes de ce que les chrétiens appellent 'Ancien Testament'?
d) Faut-il que ce soit des textes juifs non reconnus par les canons juifs ou chrétiens? Il semble que non. Plusieurs semblent avoir une origine chrétienne ou judéo-chrétienne.
e) Ce sont des écrits que l'on date généralement d'entre 200 avant et 200 après Jésus-Christ.
f) La plupart de ces écrits ont été préservés en dehors des milieux juifs qui ont vu naître la littérature rabbinique.
D'où toute l'importance du thème des Journées: quelles relations ces textes ont-ils, tant de façon interne que de façon externe, par rapport aux textes qui ont 'fait autorité'?

Pour le Séminaire francophone, le Professeur Thierry Legrand, de la Faculté de Théologie protestante de Strasbourg, étudiait le livre de la Sagesse (que l'on trouve pourtant dans les Canons catholique et orthodoxe) comme l'apocryphe qu'il est selon les classifications traditionnelles dans le protestantisme.

Mais un bon nombre d'autres textes étaient explorés soit en Séminaire anglais, allemand ou néerlandophone, soit dans les conférences générales, soit dans les présentations courtes: le Livre des Jubilés (L. Kugel; A. Livneh; J. Orpana); Esdras (J. Davila); l'Histoire des Récabites (J. Dochhorn); l'Apocalypse syriaque de Baruch (Liv Lied); 4 Esdras (H. Najman; J. M. Zurawski; E. Iricinschi); l'Histoire de Melchisédech (C. Bötrich); le Testament d'Abraham (F. Mirguet); les Oracles sibyllins (J. Collins; D. Jacobs); Janès et Mambré (J. Wyrick); Hénok slave (F.B. Geller); 1 Enoch (M. Goff); Psaumes de Salomon (P. Pouchelle); Histoire de Joseph (L. Jovanovic); Sagessse de Salomon (Th. Legrand: G. Fischer).

Il est vrai que c'est un bassin inépuisable: la série des Apocryphes de l'Ancien Testament comporte 71 entrées dans le Dictionnaire Encyclopédique de la Bible (pp. 96 à 120)!

Depuis les trouvailles archéologiques de Qumrân et des Déserts de Juda, toute cette littérature est à l'honneur. L'édition de 2010 de la T.O.B. (une initiative commune des Catholiques, des Protestants et des Orthodoxes) incorpore, pour la première fois, au-delà des deutérocanoniques des Catholiques, certains livres qui font partie du canon orthodoxe de la Bible: 3 et 4 Esdras; 3 et 4 Maccabées; la Prière de Manassé; le Psaume 151.

fr. R.-Ferdinand Poswick, osb

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