Lanceurs d'alerte

Août 2021

L'histoire de la communication, et plus particulièrement du transfert ou de la transmission d'information, principalement de l'information citoyenne ou collective (celle qui va d'un informateur vers un réseau de récipiendaires), peut-elle nous apprendre comment assumer la gestion actuelle et future de l'information dans une société hyper-urbanisée, multiculturelle et multi-convictionnelle mais de plus en plus planétairement unifiée? L'étude de Jacques Attali, conseiller multiple de dirigeants français, nous apporte certains éclairages bien documentés. Mais l'actualité pousse à pousser des cris d'alerte! Deux lanceurs d'alerte nous montrerons les pistes possibles d'une information sans trop de déformation!!

Jacques Attali    Jacques Attali Pierre Rabhi    Pierre Rabhi Fabrice Fries    Fabrice Fries

Jacques Attali, Histoires des médias. Des signaux de fumée aux réseaux sociaux, et après. Fayard, janvier 2021, 510 pp., ISBN 978-2-213-71726-5.

Les 415 pages de texte sont suivies d'une dizaine de pages de graphismes analytiques sur l'histoire de la Presse et des Réseaux sociaux. Suit une imposante Bibliographie correspondant aux 13 chapitres du livre (pp. 427-472), et, au-delà des Crédits photographiques portant sur l'encart en papier glacé placé au centre du livre (pp. 473-474), on trouve un Index des Noms Propres (pp. 475-490) qui montre bien que toute l'histoire mondiale de la Presse et du journalisme a été prise en considération par l'Auteur.

L'histoire ancienne (chapitres 1 et 2) survole les grandes révolutions que furent l'utilisation du cheval comme véhicule rapide, l'invention de la roue pour le transport, et, surtout, l'invention de l'écriture comme code de communication inscriptible représentant et fixant une parole soit sur un support de terre, de pierre, puis, avec l'Égypte des pharaons, un support de papyrus, tandis que la Chine créait le papier.

Mais, dans nos contrées, c'est encore la parole et des avvisi proclamés publiquement qui servent à la transmission citoyenne de l'information, tandis que le Dibao chinois peut être considéré comme une toute première forme de communication périodique (pp. 57-58).

La grande révolution médiatique sera, après 1450 (Chapitre 3), celle de l'utilisation des caractères mobiles pour imprimer des avvisi, mais, bientôt des Zeitungen de l'Empereur ou les Flugschriften de Luther, tandis que novellandi (Venise), Messerelationen (périodiques allemands autour des Foires) et news de Londres préfigurent la presse écrite.

Les 17e et 18e siècles (Chapitres 4 et 5) voient naître le journal et le journalisme en Italie, en Allemagne, en Amérique du Nord, en France, en Angleterre… et même au Japon.
Mais c'est au Chapitre 6 et avec les “ révolutions ” (à commencer par celle de 1789) que la Presse devient progressivement “ le grand rempart de la liberté du peuple ”… avec des soubresauts autoritaristes du genre de ceux de La Terreur : “ Les empoisonneurs de l'opinion publique seront arrêtés! ” (p. 123ss).

La période suivante (Chapitre 7, 1830-1871) est marquée par le souci de “ savoir tout, avant les autres ”: la Presse devient un instrument au service du business. Une tendance qui s'amplifiera avec le progrès des techniques de typographie et de communication entre 1871 et 1918… et une utilisation de la Presse à des fins de propagande militaire (Chapitre 8, pp. 181-216).

Cette dernière tendance sera encore amplifiée entre 1919 et 1945 (Chapitre 9) par l'extension radiophonique donnée à la Presse qui accentue l'usage de l'information diffusée au service des “ pouvoirs ” (nazisme, bolchevisme, fascisme, militarisme nippon, etc.).

Globalement, les médias dépendent du “ pouvoir ”, surtout dans la période suivante (1945-2000, Chapitre 10) durant laquelle la télévision va compléter l'offre des journaux et de la radio … tandis que c'est également durant cette période que va se déployer l'Internet (p. 293ss).

Avec le Chapitre 11 (Lire, voir, entendre, toucher, jusqu'au vertige – 2000-2020) l'Auteur entame jusqu'à la fin du livre une phase de réflexion critique qui mène l'analyse jusqu'aux réseaux sociaux et à la crise du Covid-19, avec une tentative de vue prospective (Chapitre 12, Être informé, être libre et agir, 2021-2100, pp. 353-386 et Chapitre 13, Que Faire?, pp. 387-416).

Avec, au Chapitre 13, ces conseils majeurs: “ Apprendre à s'informer; revaloriser le journalisme; assurer la survie des journaux, radios, télévisions; contrôler et démanteler les plateformes et réseaux sociaux; voire même: prendre le temps de ne pas s'informer ”. Car l'Auteur se pose et nous pose la question: “ Serons-nous tous à terme les victimes consentantes d'un vol généralisé de nos identités par des machines abstraites, qui n'ont d'autre finalité que de croître pour le seul bénéfice de leurs actionnaires? ” (p. 414).

Avec, en exergue de tout le volume, ce propos de Coluche: “ On ne peut pas dire la vérité à la télé, il y a trop de monde qui regarde! ”

Et, dans son introduction, Jacques Attali propose aussi 12 lois de l'information qu'il estime “ valides depuis quelques millénaires et qui pourraient le rester pour quelques décennies encore ” (pp.15ss):
1. Le moyen de communication privé à toujours tendance à se transformer en moyen de masse.
2. Les moyens d'informer servent aussi à “ former ”.
3. Les moyens de distribuer l'information sont progressivement automatisés.
4. L'outil de communication est un outil de pouvoir.
5. La forme culturelle, économique, idéologique d'une société détermine le mode d'information individualisée.
6. L'avenir politique dépend de la façon dont l'information est communiquée.
7. La principale puissance géopolitique est celle qui maîtrise la communication.
8. Le pouvoir exige d'être informé le premier.
9. Les médias cherchent à connaître l'audience et à la flatter, pour la captiver (capturer).
10. De plus en plus de gens ont les moyens de vérifier la valeur d'une information.
11. Le libre accès à toutes les informations est la condition d'existence de la démocratie.
12. Tous les sens sont ou seront appelés à contribuer à la communication.

Chacun de ces points mériterait une réflexion critique dont les Chapitres du livre de Jacques Attali donnent au moins la base historique.

J'ai, pour ma part, repéré une cinquantaine d'apports historiques, surtout à partir de 1656 (“ En 1656, à Amsterdam, Abraham Casteleyn et sa femme Margaretha van Bancken fondent l'hebdomadaire Weekelijcke Courante van Europa (“ Gazette hebdomadaire d'Europe ”), qui existe encore aujourd'hui. C'est donc le plus ancien journal au monde encore publié ” (p. 87). Apports qui peuvent éclairer la nouveauté de ces modes de relations humaines si on tente de les juger à l'échelle du développement global de l'humanité (10.000 à 100.000 ans ou plus selon les éléments pris en compte pour définir ce qui est “ humain ”). Et donc son adéquation au développement d'une humanité en croissance rapide sur toute la planète avec les besoins de plus en plus impérieux d'interaction pour la sauvegarde tant des entités individuelles que des groupements d'humains.

Rôle de l'organisation postale, télégraphe électrique, premier câble sous-marin entre l'Angleterre et l'Amérique (1856), création des grands journaux français entre 1854 et 1860, développement de la machine à écrire (1875) et de la lampe électrique, création des agences de presse comme Havas (1870), rôle de la presse mondiale au début de la guerre 1914-18, création de la BBC (1922) ou de Radio-Luxembourg pour la France (1921), extension de la réflexion critique sur les médias avec Marshal McLuhan (1954), expansion de la télévision (1960), développement de la régie publicitaire de Google et des réseaux sociaux qui créent des addictions et vont jusqu'à pousser au crime (Samuel Paty en 2020), disparition du journal imprimé en Norvège, écriture automatisée d'articles, nécessité de plus en plus évidente que les U.S.A. modifient l'article 230 de leur “ Communication Decency Act ”, etc.

Bref, un riche panorama qui oblige à prendre la mesure historique des responsabilités communicationnelles de l'humain vivant en sociétés et de plus en plus massivement présent sur la petite planète Terre!

Si Jacques Attali nous a montré en historien comment l'humanité en est arrivée là, des lanceurs d'alertes méritent d'être entendus d'urgence: Pierre Rabhi (défenseur d'un humain plus modéré et plus sensible à l'intelligence de la nature) et Fabrice Fries (au coeur de la lutte contre les désinformations comme Directeur de France-Presse… et l'un des patrons du nouveau métier qu'est le fact-checking)!

Pierre Rabhi et Juliette Duquesne, Carnet d'Alerte : L'humain au risque de l'intelligence artificielle, Presses du Châtelet, ISBN 978-2-3819-5034-1

Pierre Rabhi, défenseur connu de la nature et du bonheur dans la décroissance, a sollicité l'aide de Juliette Duquesne, journaliste spécialisée, pour publier aux Presses du Châtelet son sixième Carnet d'Alerte sous le titre L'humain au risque de l'intelligence artificielle (264 pp), avril 2021.

Les Auteurs partent de l'hypothèse que l'humain est, lui, et d'abord lui, un ensemble biologique remarquablement “ intelligent ”, une intelligence qui doit sans cesse être nourrie et stimulée pour ne pas prendre le risque de s'affaiblir:
“ Nous sommes conscients, avec le cerveau, d'être équipés d'ordinateurs biologiques extrêmement perfectionnés… Il faut sans cesse rappeler que les ordinateurs, conçus comme les réseaux de notre cerveau, n'existeraient pas sans l'ordinateur biologique dont nous sommes équipés … ”(p. 16).
“ Des études ont montré qu'utiliser un GPS désactive certaines zones du cerveau qui, à force d'être peu utilisées, deviennent incapables d'enregistrer de nouvelles informations ” (p. 18).

Mais, qu'est-ce que l'intelligence artificielle?
“ Des chercheurs interrogés [ils en ont interrogés plus de 80 pour leur enquête] se sont rejoints sur le fait que le terme “ intelligence artificielle ” n'est pas approprié ” (p. 30 – [et voir l'INTERFACE_2020 de juin et juillet 2021].

Quand on parle d'intelligence artificielle aujourd'hui, on parle avant tout de machines à accumuler de l'information pour la transformer, dans les principales applications planétaires, en force publicitaire.

Pour leur enquête, les Auteurs on tenté d'interviewer les plus gros consommateurs de données numérisées, des responsables des GAFAM. Ils n'ont jamais réussi à obtenir un retour à leur demande d'interviews.

Et, derrière ce qui est considéré comme les progrès (contestables) apportés par cette manipulation d'information, les Auteurs redoutent par dessus tout les trans-humanistes.
“ Les trans-humanistes veulent supprimer le sexe, puisqu'ils veulent faire prévaloir le clonage plutôt que l'hybridation. En supprimant le sexe et la mort, ils suppriment la vie, tout simplement” (p. 47).

Alors qu'il faudrait plutôt concevoir une coopération humain-machine, et, par priorité, dans le domaine médical:
“ ... créer un couple médecin-machine efficace, voilà qui nous intéresse. La machine seule n'est éthiquement pas acceptable, dit Jean Charlet, chercheur en IA dans le domaine médical à Paris ” (p. 56).

Nos enquêteurs, lanceurs d'alerte, sont donc contre une standardisation de l'humain et sa réduction à des algorithmes:

Formaliser implique forcément de simplifier un peu la réalité. Traduire les langages accentue cette simplification. Afin de fabriquer un programme d'IA, dans de nombreux cas, nous passons des mots aux nombres, nécessaires à la mise en données et en algorithmes, puis au codage informatique. Chaque étape schématise et fige la réalité. Les mots sont plus subtils que les nombres.
Par ailleurs, les mathématiques et l'informatique sont des langages écrits. Lorsque nous discutons, une grande partie de notre compréhension ne provient pas des mots, mais du dialogue des corps et des sens tels que les expressions du visage. … Les équations simplifient considérablement et aboutissent à une vision du monde complètement erronée, contre laquelle il faut s'insurger car elle nous empêche de comprendre la nature humaine (p. 149-150).

“ L'enjeu [négatif] ne serait pas que les machines deviennent humaines, mais que les humains adoptent des comportements similaires aux machines ” (p. 154).

Et, ce qui se passe, en réalité:

Nous sommes en train de dénaturer le terme “ communication ” et d'oublier qu'il implique la relation. La communication ne relève pas d'un ordre rationnel. Grâce à la communication et à la relation, on peut, par exemple, exprimer à autrui son amour. Dans ce cas, les mots feront vibrer notre corps, l'aspect subjectif qui nous compose, notre sensibilité, notre imaginaire. Nous vibrons grâce à la relation. Aujourd'hui, certains outils de communication nous coupent de ces sensations (p. 224).

Et Pierre Rabhi de revenir en finale à ses fondamentaux:

Occupons-nous de cette merveilleuse planète avant d'aspirer à aller vivre sur Mars en dépensant des sommes absolument colossales, alors qu'elles pourraient être consacrées à la santé de la planète, aux initiatives de réhabilitation de la vie telles que le reboisement des terres désertifiées, la sauvegarde du patrimoine semencier, de la biodiversité de la faune, de la flore ou de l'eau. (pp. 231-232).

Plus de 85 personnes ont été interviewées pour bâtir ce Carnet d'Alerte qui cerne bien la “ publicité ” comme secteur clef de l'Intelligence Artificielle (pp. 79-94) avec la manipulation des données qu'elle entraîne (pp. 95-112) et la mise en œuvre d'une surveillance de toute la société (pp. 113-132) qui fragilise le système démocratique (pp.149-198).
Il s'agit donc d'un plaidoyer pour “ un numérique moins envahissant, plus sobre et plus libre ” (pp. 199-200).

Fabrice Fries, L'emprise du faux, Éditions de l'Observatoire, ISBN 979-10-329-1937-8

Quant au directeur de l'Agence France-Presse, Fabrice Fries, c'est sous l'angle d'un combat commencé et à développer contre la fausse information ou la désinformation qu'il tente de travailler dans son livre L'empire du faux paru aux Éditions de l'Observatoire en mars 2021 (208 pp).

Le rôle écrasant des réseaux sociaux est évidemment central dans ce combat. En effet, ces réseaux mettent en danger le métier de journaliste, devenu depuis le développement de ce métier après la Révolution française et avec le développement des journaux et médias d'information, une institution importante pour la défense de la démocratie (… le “ quatrième pouvoir ”?). F. Fries montre comment, dans l'histoire, la fabrication de la fausse information et l'intoxication de la propagande ont de tout temps été une arme de pouvoir, voire une arme de guerre. Et plus spécialement, plus efficacement aussi, avec l'avènement de la radio ... puis d'autres médias liés à l'utilisation des ondes et de l'électricité!

Et comme “ l'émotion et la fatigue détruisent le sens critique (Marc Bloch) ”, un propos qui résonne particulièrement en temps de pandémie ... car l'erreur ne se propage, ne s'amplifie, ne vit qu'à une condition: trouver dans la société où elle se répand un bouillon de culture favorable ” (p. 22).

Fr. Fries décrit avec précision ce qui se passe dès lors qu'on est passé au Web 2.0 et à l'invasion planétaire des plateformes des GAFAM.

Avec les réseaux sociaux, tout change. L'accès devient immédiat et à coût quasi nul. Le rôle de garde-barrière, en théorie, n'a plus lieu d'être puisque, précisément, il n'y a plus de barrières. Chacun devient en puissance un média, le droit de prendre la parole en public s'élargit à la société tout entière. La sélection et la hiérarchisation des discours s'effacent, nous assistons à la dérégulation du marché des idées. …[avant] lorsqu'un média se trompait, il pouvait en juger lui-même puisqu'il était doté d'une charte éthique; il procédait souvent à un travail d'introspection, parfois publiait une enquête sur les raisons de son erreur: nous savions qui était responsable. Les nouveaux gardes-barrière, eux, ne se sentent pas responsables des contenus qui circulent sur leurs voies, n'ont dès lors pas besoin de charte éditoriale et n'ont souvent même pas de responsable légal clairement identifié dans les pays où ils ont pourtant des millions d'adeptes (pp. 39-40).

C'est dans cet environnement que l'infox (la fausse nouvelle) prolifère:

Au pic de la première vague de la pandémie de covid, les contenus provenant des sites les plus connus pour leur rôle dans la propagation de la désinformation avaient été consultés quatre fois plus que les dix sites d'information officielle les plus courants (p. 48).

Mais Fr. Fries prévient que le combat pour la vérité sera difficile:

La période qui s'est ouverte va être passionnante car une chose au moins est certaine: il n'existe pas de solution simple, et tous ceux qui laissent entendre le contraire participent eux-mêmes de la désinformation sur le sujet (p. 114).

Il ne faut pas être pessimiste pour autant:

…l'idée désormais partagée des deux côtés de l'Atlantique est qu'il n'est plus possible de laisser une poignée de responsables de plateformes sans aucun mandat électif décider des modalités et limites de la libre expression, de surcroît dans la plus stricte opacité et le plus grand désordre (p. 129).

D'où la naissance récente d'une nouvelle discipline qui vient en aide aux médias traditionnels, notamment au journalisme professionnel ainsi qu'aux responsables de l'ordre public: les sociétés de fact-checking:

L'Agence France-Presse est bien placée pour en parler, puisqu'elle est de loin le premier acteur du programme mondial de Facebook, avec une centaine de collaborateurs qui se consacrent à plein temps au fact-checking, en vingt langues et sur les cinq continents. L'indépendance éditoriale de son travail de fact-checking est pourtant totale: les vérificateurs sont libres du choix de ce qu'ils vérifient, la discussion avec Facebook est seulement d'ordre commercial et technique, jamais éditoriale. Enfin, il ne s'agit pas d'un travail à la demande: le produit des vérifications est consultable par tous gratuitement, sur des sites spécifiques par langue, mais aussi sur des plateformes autres que Facebook. (p. 140)

Selon l'Auteur (voir p. 136 + la note), le fact-checking est aujourd'hui une quasi “ industrie ” avec plus de 250 organisations qui s'y consacrent, avec ou sans but lucratif!
Et comme la publicité finance de moins en moins le journalisme (au profit des “ plateformes ”) il faut se demander s'il ne faut pas obliger ces plateformes à contribuer financièrement et à supporter les médias d'information classiques (p. 157). Les plateformes seraient ainsi traitées selon le principe du “ pollueur-payeur ” qu'on applique dans d'autres domaines que celui de l'information (p. 158).

L'autre champs de combat semble être un important développement volontaire de l'éducation aux médias et à l'information:

…l'éducation aux médias prend encore le plus souvent la forme d'une collection de microprojets, répondant à des initiatives dispersées et dépendantes de la bonne volonté d'un petit nombre … Sortir de l'artisanat actuel supposerait un changement radical d'approche et de moyens. … Le projet de créer en France un “ permis Internet ” pour les élèves à l'issue du primaire puis du collège, un peu à l'image de l'“ attestation scolaire de sécurité routière ” que doivent obtenir les élèves de cinquième, permettrait de sortir d'une logique d'ateliers de sensibilisation pour aller vers une obligation qui conduirait nécessairement à structurer cet enseignement (p. 187).

Et son constat final est que

le tournant historique de notre siècle n'aura pas été la chute du mur de Berlin en 1989, mais bien plutôt, en 1991, le début de la diffusion à grande échelle des serveurs internet. Les plateformes sont devenues un monstre qui menace la démocratie en tirant profit de la commercialisation des controverses et des mensonges de ceux qui y trouvent un avantage politique. …Mais la lutte contre la désinformation ne pourra suffire si le discours politique ne revient pas à plus de discipline” (p. 200).
Ces alertes confirment bien l'analyse historique que propose Jacques Attali!